Possibilites dameliorer la revision par des pairs

FigureFigure

La révision par des pairs était au cœur de l’intrigue du film de 2021 Déni cosmique, dans lequel une société entreprend une mission pour désintégrer une comète qui allait entrer en collision avec la Terre et en récolter les minéraux. Le conflit? La recherche étayant les manœuvres n’avait pas fait l’objet d’une révision par des pairs.

La révision par des pairs désigne l’évaluation scientifique de travaux d’érudition par d’autres personnes spécialisées dans le domaine pour assurer leur validité scientifique1. Le processus de révision par des pairs du Médecin de famille canadien (MFC) est expliqué en anglais à la page 628, et de nombreuses revues médicales suivent des méthodes semblables. La révision par des pairs, une activité qui remonte aux siècles passés2, est souvent considérée comme l’étalon d’or lors de la validation de la recherche scientifique. Par ailleurs, elle comporte des problèmes dont j’ai directement été témoin.

D’abord, il y a le biais. La révision par des pairs est souvent à double insu, mais les communautés de chercheurs sont peu nombreuses. Même si les noms et les établissements sont caviardés, les chercheurs peuvent être identifiés (p. ex. par le contenu ou les références citées, car les chercheurs se citent souvent eux-mêmes). Une étude a constaté que le double insu ne fonctionnait pas le tiers du temps et a remis en question l’efficacité des révisions faites de cette manière3. Lorsque les réviseurs sont anonymes, les révisions sont plus « grossières », ce qui entraîne des conséquences particulières4.

Les retards dans la publication sont aussi préoccupants. Il faut du temps pour trouver des réviseurs, et l’exécution d’une révision rigoureuse peut prendre une journée complète. Il s’agit habituellement d’une activité non rémunérée, qui demande du temps que les universitaires et les cliniciens pourraient consacrer à leurs propres recherches ou au traitement de leurs patients. Dans le présent numéro, le Dr Nicholas Pimlott discute des mesures que prendra le CFP pour raccourcir les délais avant la publication (page 647)5.

La révision par des pairs peut être inconstante. Si certaines révisions sont détaillées, d’autres sont courtes. Les décisions des réviseurs sont aussi variables; parfois, l’un des réviseurs rejette un manuscrit, tandis qu’un autre l’accepte sous réserve de révisions mineures. De telles incohérences peuvent être difficiles à régler. Dans de tels cas, le MFC ferait appel à un troisième réviseur, d’où une prolongation du processus. Dans un article, l’ancien rédacteur en chef du BMJ disait que si les travaux révisés par des pairs étaient des médicaments, ils ne seraient jamais homologués6.

Malgré ces aléas, l’élimination de la révision par des pairs serait malavisée, parce que nous avons besoin d’un système par lequel les travaux d’érudition sont remis en question et validés. Comment pouvons-nous améliorer l’exercice? Certaines revues, comme celles publiées par l’Union européenne des géosciences (EGU), ont adopté un modèle interactif. En plus des pairs réviseurs, les membres de l’EGU ou des scientifiques peuvent exprimer leurs commentaires sur la version en ligne préimpression pendant que se poursuivent les révisions7. En retour, les auteurs doivent répondre à tous les commentaires. Si une décision est prise de publier un article, le manuscrit original, les commentaires et les réponses demeurent visibles en ligne, aux côtés de la version finale. Il est alors possible pour les lecteurs de voir l’évolution du document. Je n’ai toutefois trouvé aucune indication que d’importantes revues médicales anglophones utilisent ce système.

Le modèle interactif raccourcit les délais d’exécution8 et pourrait améliorer la qualité en raison du plus grand nombre de réviseurs, mais les coûts et le soutien administratif requis pour opérer la plateforme figurent parmi ses inconvénients. Certaines revues dotées de ce modèle imposent des frais de publication, alors que le MFC n’en exige pas, conformément à son processus actuel de révision par des pairs.

Il importe de prendre en compte les finances des revues; le MFC et les publications de l’EGU sont d’accès libre, c’est-à-dire qu’on peut les lire gratuitement. La réforme de la révision par les pairs au prix de l’ajout d’un paiement serait préjudiciable, surtout pour les chercheurs des pays à plus faible revenu.

La révision ne se termine pas avec la publication, comme le préconise et le souligne Kathryn Taylor, rédactrice en chef du MFC. La révision par des pairs postpublication peut prendre la forme de réponses, de blogues extérieurs ou de communiqués, ou encore elle peut comporter un engagement par l’entremise des médias sociaux. Même si ces formes sont moins officielles, elles constituent une partie essentielle du processus.

Bien qu’aucune collision imminente avec une comète ne menace notre existence, la Terre fait face à une multitude d’urgences, allant de la crise climatique à la surcharge des systèmes de santé. Et bien qu’il faille une volonté politique et sociale, de solides recherches peuvent contribuer à régler ces problèmes. La participation au à la révision par des pairs et son amélioration sont essentielles pour faire en sorte que la recherche soit de grande qualité.

Les opinions exprimées dans les éditoriaux sont celles des auteurs. Leur publication ne signifie pas qu’elles soient sanctionnées par le Collège des médecins de famille du Canada.

This article is also in English on page 632.

Références à la page 632.

Copyright © 2022 the College of Family Physicians of Canada

留言 (0)

沒有登入
gif