1361 raisons de garder espoir

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Le Collège a été sans équivoque : les soins primaires au Canada traversent une crise sans précédent.1 Nous avons également clairement indiqué que cette crise était attendue depuis longtemps et que, malgré nos mises en garde sur les incidences à long terme de la stagnation de la rémunération, du manque de soutien multidisciplinaire et administratif, et des problèmes au lieu des solutions en matière de numérisation, la spécialité de médecine de famille allait finir par en souffrir. Les bouleversements sociétaux provoqués par la pandémie de COVID-19 n’ont fait qu’exacerber ces difficultés qui ont longtemps été tenues à l’écart par les sacrifices des médecins de famille. En dépit des obstacles qui se multiplient, ces derniers ont continué à prodiguer d’excellents soins à leurs patients.

Toutefois, nous devons garder espoir. Aujourd’hui, les raisons d’être positifs ne manquent pas. Le public et les décideurs prennent enfin conscience de la nécessité de trouver les solutions que les médecins de famille demandent depuis longtemps : organiser les soins primaires en équipes dont les champs de pratique sont complémentaires plutôt que de se contenter d’élargir les champs de pratique au sein de silos concurrentiels; rémunérer les médecins de famille à la hauteur de la complexité des contextes dans lesquels vivent les patients d’aujourd’hui; mieux soutenir les médecins de famille dans leur rôle essentiel et unique au sein du système de soins primaires. Le dialogue national s’articule autour de la nécessité d’un changement : la médecine de famille, qui a longtemps encaissé les coups pour aider les autres, a désormais besoin d’aide à son tour.

Bien que nous risquions de toucher le fond avant de remonter à la surface, nous devons rester optimistes. Nous avons été entendus et nous continuerons à nous faire entendre, à insister sur les points à améliorer, à exiger que notre valeur soit reconnue et à faire en sorte que les changements nécessaires soient apportés pour préserver la joie de la médecine de famille d’aujourd’hui et de demain.

C’est pourquoi, en analysant les résultats du Service canadien de jumelage des résidents de 2023, le Collège et moi-même en avons tiré quelques conclusions. Certes, il faut reconnaître que le nombre de postes non pourvus en médecine de famille après le premier tour est supérieur à celui des années précédentes.2,3 Cependant, la déception est légitime, même si cet indicateur est imparfait, car certains programmes ont augmenté le nombre de postes à pourvoir cette année, et le classement des programmes selon le premier choix est un indicateur plus précis de l’intérêt porté à la médecine de famille.

Mais il faut aussi voir le bon côté des choses : 1361 postes en médecine de famille ont été pourvus3 ce qui signifie que 1 361 médecins ont répondu à l’appel. Ils seront formés par des enseignants dévoués qui les initieront à notre vocation collective et qui se joindront à nous dans les années à venir.

Le fait de savoir que 1 361 médecins, soit le nombre le plus élevé de toutes les autres spécialités (la médecine de famille a le plus grand nombre de postes à pourvoir), ont opté pour notre spécialité me redonne espoir. La médecine de famille revêt une importance vitale et, en cette période de crise, nous devons passer de la parole au geste et provoquer le changement.

Le Collège fournit sa part d’efforts pour renforcer la formation en résidence et faire en sorte que les médecins de famille continuent de bénéficier de la meilleure formation possible afin de soutenir la prestation des soins complets et globaux aujourd’hui et à l’avenir. Nous savons qu’en procédant ainsi, nous serons en mesure de continuer à plaider pour l’intégration indispensable des médecins de famille au sein des équipes multidisciplinaires et une rémunération qui tient compte de leur leadership.

Nous exhortons les décideurs à prendre des mesures sans délai. Nous en sommes au point où la médecine de famille, à l’instar de nos partenaires communautaires de la santé publique axés sur la communauté, a grand besoin de se refaire une santé pour compenser ce qui lui a fait défaut pendant des lustres. La saturation des hôpitaux indique clairement qu’il nous faut des ressources et un soutien immédiats pour pouvoir faire de la prévention, mais aussi pour préserver les ressources hospitalières afin qu’elles puissent répondre aux besoins les plus pressants, développer des liens fructueux entre les médecins de famille et leurs équipes, et améliorer les soins et l’accès des patients à ces derniers.

J’ai toujours été de nature optimiste. Voilà pourquoi je perçois les résultats du jumelage comme une belle occasion. Nous avons 1 361 raisons de célébrer cette année, et ce malgré les difficultés auxquelles nous ne cessons de nous heurter. Ces raisons seront encore plus nombreuses (si nous maintenons le cap) lorsque les décideurs nous apporteront un soutien qui reconnaîtra la valeur inégalée et unique que les médecins de famille apportent à leurs collègues, à leurs partenaires, à leurs communautés et à leurs patients.

Remerciements

Je remercie Eric Mang pour la révision de cet article.

This article is also in English on page 370.

Références à la page 370.

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