La kératite neurotrophique secondaire à la radiothérapie des UCNT du cavum (à propos de deux cas)

Elsevier

Available online 20 September 2022

Journal Français d'OphtalmologieIntroduction

Le carcinome indifférencié du nasopharynx (ou l’UCNT du cavum, Undifferentiated Carcinoma of Nasopharyngeal Type) est le type histologique le plus fréquent des cancers du cavum aux pays du Maghreb, considéré comme zone à fréquence intermédiaire avec une incidence de 8 à 12 pour 100 000 par an. Il diffère des carcinomes épidermoïdes par son histologie indifférenciée ; il n’a pas de rapport avec l’alcool et le tabac et a un lien constant avec le virus d’Epstein-Barr (EBV) [1]. La radiothérapie est actuellement le principal traitement des UCNT du cavum, et les progrès permettent maintenant d’envisager un meilleur contrôle tumoral tout en limitant la morbidité [1]. Au niveau ophtalmologique, la radiothérapie des tumeurs ORL et du système nerveux central est responsable de plusieurs lésions ; la morbidité oculaire radio-induite peut aller d’un érythème palpébral, d’une kératite à une cataracte, une rétinopathie voire une neuropathie optique sévère [2]. Compte tenu de la fréquence à laquelle la radiothérapie est utilisée comme modalité thérapeutique, il est important pour l’ophtalmologiste et le radiothérapeute d’anticiper les complications oculaires, d’éduquer les patients et d’initier le traitement en temps opportun [2].

Nous rapportons deux observations de patients qui présentent une kératite post-radique. Les patients sont traités pour un UCNT du cavum classé T3N2M0 ayant bénéficié d’une chimiothérapie suivie d’une radiochimiothérapie concomitante selon les caractéristiques du Tableau 1.

Section snippetsObservation 1

Patiente de 43 ans suivie depuis onze ans pour un UCNT du cavum traité par radiochimiothérapie concomitante.

Huit jours avant son admission, elle a présenté un œil droit rouge avec baisse de l’acuité visuelle. L’examen à la lampe à fente trouve un ulcère de cornée épithelio-stromal para-axial inférieur faisant 2,3 mm de grand axe, avec infiltrat central blanc grisâtre ; la sensibilité cornéenne est abolie, avec un œdème périlésionnel et lunule d’hypopion (Fig. 1A et B). L’examen de l’autre œil

Observation 2

Patient de 31 ans suivi depuis cinq ans pour un UCNT du cavum traité par radiochimiothérapie concomitante.

Deux jours avant son admission, le patient a présenté une baisse rapidement progressive de l’acuité visuelle au niveau de l’œil droit et a rapporté l’application depuis deux mois de larmes artificielles et AINS par automédication. L’examen ophtalmologique trouve au niveau de l’œil droit une acuité visuelle à 1/10, une hyperhémie sans sécrétions conjonctivales, un ulcère de cornée

Discussion

La toxicité de la radiothérapie au niveau cornéen peut être responsable de défauts épithéliaux en raison d’une diminution des mitoses, d’une perméabilité accrue et d’une altération de l’attachement cellulaire [3]. Cela pourrait être causé aussi indirectement par une atteinte tumorale du nerf trijumeau ou par une irradiation des nerfs cornéens [4], [5]. L’effet toxique de la radiothérapie sur la cornée de l’hôte est principalement influencé par trois facteurs, à savoir la dose de tolérance des

Conclusion

L’atteinte cornéenne après la radiothérapie des tumeurs du nasopharynx n’est pas secondaire à une irradiation directe de la cornée, mais est indirecte, par l’irradiation de la première branche du trijumeau au niveau du sinus caverneux. D’où l’intérêt d’une surveillance ophtalmologique au long cours.

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Références (10)

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